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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Contant, Etienne, dit Contant aîné
Article mis en ligne le 5 août 2011
dernière modification le 9 février 2015

par Bouchet, Thomas, Guengant, Jean-Yves

Né le 12 nivôse an VIII (2 janvier 1800) à Brest (Finistère). Agriculteur. Fouriériste dissident, participant à l’expérience phalanstérienne de Cîteaux.

Son père, Jean-Louis (19 juillet 1756, Saint-Jean-aux-Bois, Oise - 21 mars 1811, Brest) épouse le 30 décembre 1794 Reine Faudet (31 mai 1772 - 6 mars 1812). Le père de Reine est un marchand épicier qui sait lire et écrire et qui apparaît également comme maître d’hôtel en 1772. Jean-Louis est commis de marine. Le couple donne naissance à six enfants. Etienne est le troisième (premier garçon). Eugène-Aristide, frère cadet d’Etienne René, né en 1808, est l’économe du collège Joinville de Brest, où Jean-René Allanic est professeur.

Brest

Agriculteur à Brest, Etienne-René est l’un des premiers militants phalanstériens de la région brestoise. En 1836, Joseph Pouliquen, de Landivisiau, cite son ami Contant « placé dans une ville populeuse où on peut rencontrer à chaque instant l’occasion de faire connaître les idées sociétaires » (14 octobre 1836). Il appartient au groupe de l’école sociétaire (un groupe dissident se forme à cette époque à Brest).
Il s’adresse en 1836 à Fourier. Il veut savoir si le dictateur paraguayen Francia, créateur d’un système de fermes gérées par l’Etat (et décrit par Jonathan Beecher comme l’"architecte de l’indépendance de son pays, (...) à la fois un homme austère et frugal, un savant d’une grande probité personnelle, et un despote qui régnait par la terreur et la torture et espionnait son peuple") connaît ses oeuvres : "Il est plus que probable que, s’il avait vos ouvrages, il en tirerait un très bon parti ! Les lui avez-vous fait passer ? Dans le cas de la négative, veuillez bien m’en adresser un exemplaire afin que je lui fasse parvenir." Fourier lui envoie sans doute un exemplaire de son Traité de l’association domestique-agricole. La réaction de Contant est enthousiaste : "J’ai fait passer à Francia les deux volumes du Traité 1822 (sic) ; vous craignez qu’il ne puisse en profiter ; je pense que celui qui a deviné la pratique comprendra la théorie sociétaire expliquée par vous."
Contant connait une période difficile ; il doit abandonner son exploitation agricole, faute de capitaux, et ne trouve pas à s’employer. Pouliquen estime que son engagement phalanstérien est un frein [1]. Il doit quitter Brest momentanément.

De retour à Brest fin 1837, il est le 20 décembre à la loge maçonnique des Élus de Sully (il ne dépasse pas le grade d’apprenti, preuve d’un passage court dans la loge). Allanic y entre en octobre 1838, Pompéry en octobre 1839. On peut penser qu’il diffuse au sein de la loge la propagande fouriériste, étant un fervent partisan du phalanstère [2]. Des membres de sa belle-famille, tel son beau-frère Cartier, écrivain de marine, pourraient être maçons.

Fouriériste dissident, il appartient à l’orée de l’année 1840 au Bureau du Comité de la souscription universelle pour la fondation du premier phalanstère. A ce titre il est signataire de l’appel « Aux disciples de Fourier », le 21 janvier 1840, où il est question d’assurer « le bonheur de tous » grâce au premier phalanstère.

On rencontre à plusieurs reprises son nom dans l’Almanach social. En 1839 (Almanach pour 1840), « Content aîné » figure sur la liste des correspondants de l’Union harmonienne et il habite alors à Paris, 21 rue de l’Arbre sec ; il a aidé Fugères « à la propagande populaire de la science sociale » à Paris, en particulier lors des réunions de Belleville. En 1840 (Almanach pour 1841), dans la liste des « principaux artistes et travailleurs appartenant à l’Ecole sociétaire et résidant à Paris » Contant est inscrit dans la rubrique « Assurances ». Il est l’auteur d’une « pétition à la chambre des députés, ayant pour but d’obtenir une enquête sur le grand traité d’association domestique-agricole de Charles Fourier » [3]. Pouliquen le recommande pour participer au phalanstère de Condé-sur-Vesgre, au vu de ses connaissances agricoles.

Cîteaux

Il quitte Paris en 1841 (il est alors âgé d’un peu plus de quarante ans) pour participer à l’expérience sociétaire de Cîteaux, animée par Zoé Gatti de Gamond et Arthur Young. Il rejoint la colonie en compagnie de Jean Foucault et s’y installe. En septembre 1841, Pouliquen note qu’il n’a plus de contacts avec lui, étant sans doute encore à Cîteaux. On trouve son nom sur le contrôle nominatif du 1er janvier 1842. Lorsque Le Nouveau Monde évoque le 1er octobre 1841 "plusieurs de nos condisciples, quelques-uns de ceux que nous avons initiés à la science sociétaire, (...) déjà partis pour prendre part à l’entreprise", c’est sans doute - entre autres - à Contant que le rédacteur songe. Contant est par ailleurs mentionné dans les comptes de Cîteaux pour avoir versé une somme de 15 francs au titre du "crédit de 10000 francs demandé pour les études d’un phalanstère d’enfants".

Le 30 juin 1842, il est témoin de l’enregistrement de la naissance de Charles-Léon Debienville, à Saint-Nicolas-lès-Cîteaux ; sa profession est agriculteur [4]. Il est accompagné comme second témoin d’Eugène-François Moreau, 28 ans, agriculteur [5]. Nous retrouvons la veuve de Moreau, Stéphanie, née Dangremont, 30 ans, et sa fille, 6 ans, à la colonie de Condé-sur-Vesgre [6] Etienne-René n’apparaît pas sur la liste constitutive du groupe phalanstérien brestois en 1844.