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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Tome 3, C-CHEM (index, pages 14-17)
Article mis en ligne le 26 mai 2020
dernière modification le 1er juin 2020

Page 7

Cabaliste s. f. (kbli-ste, rad. cabale).

Philos. sociale. Passion de la cabale, de l’intrigue, dans le système de Fourier : La cabaliste est la passion favorite des femmes. (Fourier) La cabaliste ou esprit de parti, c’est la manie de l’intrigue, très ardente chez les courtisans, les ambitieux, les commerçants, te monde galant, etc. (Fourier) Ce sont tous les producteurs qui, par la cabaliste, se toisent et s’évaluent les uns les autres. (Proud.)

Encycl. Douze passions, selon Ch. Fourier, mettent en jeu l’activité humaine ; cinq sensitives, c’est-à-dire se rapportant à nos cinq sens ; quatre affectives, l’amitié, l’amour, le familisme et l’ambition ; trois distributives, la cabaliste, l’alternante ou papillonne et la composite. Fourier donne à ces trois dernières le nom de distributives, à cause du rôle qu’il leur fait jouer dans l’organisation essentiellement mobile de ses groupes industriels. Ne sachant utiliser la cabaliste, les philosophes l’ont proscrite, bien que ce soient les hommes les plus intrigants du monde ; mais rien de plus précieux en harmonie que l’essor de cette passion condamnée par les civilisés. C’est elle qui assure la perfection générale de l’industrie sociétaire. La modération passionnelle ne peut donner que la médiocrité industrielle. La douce fraternité, l’unité d’opinions, l’absence de dissidences, sont la négation du progrès. Grâce à la cabaliste, le travail de chaque série atteint le plus haut degré de perfection par suite des rivalités ardentes qui règnent entre les divers groupes, tous engoués de leur branche de travail, tous déployant leur amour-propre pour y exceller. La cabaliste ne peut qu’être nuisible, sans nul doute, dans l’état familial et morcelé mais c’est à 1’état sociétaire que le Créateur nous destine ; et c’est parce que telle est notre destination qu’il a mis en nous les ressorts convenables à l’état sociétaire. « S’il nous avait créés pour l’état familial et morcelé, il nous aurait donné des passions molles et apathiques, telles que les désire la philosophie. Aussi voyons-nous, dans toute assemblée délibérante, les hommes devenir des cabaleurs fieffés. La divinité les persifle quand ils vont lui adresser la stupide prière de les rendre tous frères, tous unis d’opinion, selon le vœu de Platon et de Sénèque ». Dieu leur répond : ̃« J’ai depuis des milliards de siècles créé les passions telles que les exigeait l’unité de l’univers ; je n’irai pas les changer pour complaire aux philosophes d’un globule imperceptible qui doit rester, comme tous les autres, soumis aux douze passions, et notamment à la dixième, la cabaliste. »

Cabalistiquement adv. (ka-ba-li-sti-ke-man ; rad. cabalistique).
D’une façon cabalistique. Des caractères cabalistiquement bizarres.
Philos. sociale. Par la cabaliste, par la passion de la cabale, chacun exerce passionnément et cabalistiquement sur-telle espèce ou variété. (Fourier.)

Pages 225-226

Campanella, Thomas

Célèbre philosophe italien, né le 5 septembre 156S à Stilo, petit bourg de Calabre, mort à Paris en 1639.

[Page 226 – Discussion des idées de Campanella] Du reste, le travail, dans la Ville du soleil, n’a rien de dur ni de pénible ; il devient si attrayant qu’il semble une véritable fête, et que nul ne s’y refuse. Les enfants, dès l’âge le plus tendre, sont placés au milieu des instruments — Index page 15 — de tous les arts et de tous les métiers, afin que leur vocation s’éveille ; la gloire consiste à connaître le plus grand nombre d’arts, à être apte au plus grand nombre de professions ; et nous sommes, dit Campanella, l’objet des railleries des solariens, parce que nous avons attaché l’idée de bassesse au travail et l’idée de noblesse à l’oisiveté. Il faut noter cette idée d’un attrait inhérent au travail et rendant inutile le mobile intéressé dans l’organisation théocratique, autoritaire, rêvée par Campanella, elle ne peut jouer qu’un rôle accessoire elle vient seulement se joindre au dévouement pour le rendre plus facile. Le travail attrayant est, au contraire, la base fondamentale de l’association imaginée de nos jours par Fourier ; l’inventeur du phalanstère s’éloigne de Campanella et, en général, de tous les autres utopistes, en ce qu’il ne supprime pas le mobile intéressé, mais le fait rentrer dans l’ensemble des mobiles passionnels, et, de plus, en ce que sa foi à l’harmonie spontanée des passions dans les conditions qu’il indique, le dispense de faire appel à l’autorité et au dévouement.

Page 247

Canard, s. m. (ka-nar – pour l’étym. v. la partie encyclopédique).

Pop. Mari fidèle, par allusion aux canards qui aiment à marcher de compagnie : Mon canard me conduit ce soir à l’Opéra. (Ricard)

Fourier a fait du canard l’emblème du mari qui adore sa femme, et se laisse gouverner par elle Le canard est l’emblème du mari subjugué, ensorcelé, ne voyant que par les yeux de sa femme. (Fourier)

Page 286

Cantagrel, François Jean

Publiciste et homme politique, né à Amboise le 27 juin 1810 [décédé à Paris le 27 février 1887].

Venu à Paris en 1827, il fit ses débuts littéraires dans l’Artiste, où il écrivit sur les beaux-arts, de 1834 à 1838. À cette dernière date, il était conducteur des ponts et chaussées, architecte et étudiant en droit, lorsque la lecture et l’étude des ouvrages de Charles Fourier et de Considerant l’amenèrent à se consacrer exclusivement à la propagation de la doctrine sociétaire. Son premier ouvrage fut le Fou du Palais-Royal, publié en 1841, et qui eut plusieurs éditions. L’auteur y développe, sous forme de dialogue, les idées de Fourier et s’efforce de répondre aux objections qu’elles soulèvent. Collaborateur assidu, puis gérant du journal phalanstérien la Phalange, qui devint, en 1843, la Démocratie pacifique, il publia, de 1843 à 1848, diverses brochures, une étude sur les colonies agricoles, Mettray et Ostwald ; une autre sous ce titre Quinze millions à gagner sur les bords de la Cisse ; une troisième, intéressante et remarquée sur l’Organisation des travaux publics et la Réforme des ponts et chaussées (1847).

Le 3 février 1848, lorsque les étudiants de Paris allèrent porter aux journaux leur pétition à la Chambre pour le rétablissement des chaires de MM. Michelet, Quinet et Mickiewicz, M. Cantagrel, qui les reçut à la Démocratie pacifique, leur adressa ces paroles, qui furent signalées le lendemain par le Journal des Débats. Nous sommes vos aînés de 1830, nous avons fait notre devoir alors ; à vous de faire le vôtre aujourd’hui. Amis, il faut jeter un trait d’union entre 1830 et 1848. » Après la révolution de 1848, il se présenta aux suffrages des électeurs de l’Aveyron et réunit près de 15, 000 voix, ce qui ne put toutefois l’amener à la Constituante ; mais, en mai 1849, le département de Loir-et-Cher l’envoya à l’Assemblée législative. Il n’y siégea que six semaines et ne monta guère à la tribune que pour y faire entendre, au nom de ses amis politiques, une énergique protestation contre la destruction de la république romaine, qu’il considérait comme une violation de la Constitution.
Décrété d’accusation et traduit devant la haute cour de Versailles pour sa participation à la manifestation du 13 juin 1849, M. Cantagrel quitta la France et trouva un refuge en Belgique. Condamné par contumace à la déportation à perpétuité et à la mort civile, il visita — Index page 16 — l’Angleterre et les États-Unis, puis revint, en 1851, en Belgique, où il publia trois volumes sur la question religieuse, alors soulevée par Eugène Sue et par M. Quinet. Comment les dogmes commencent (1857) ; Nécessité d’un nouveau symbole (1858) ; D’où nous venons, où nous allons, où nous sommes (1858). M. Cantagrel n’entend pas que, en sortant du catholicisme, nous nous arrêtions, comme le veulent Eugène Sue et M. Quinet. dans l’unitarisme de Channing. Armé de la méthode analogique du fouriérisme, qu’il considère comme un instrument puissant de découvertes, il marche à la recherche d’un nouveau dogme, d’une nouvelle religion, qui doit être plus compréhensive que tout ce que nous avons vu jusqu’à ce jour. Le résultat de cette recherche est une conception de Dieu dans laquelle il prétend concilier le point de vue monothéiste, le point de vue polythéiste et le point de vue panthéiste, et par laquelle il prétend satisfaire aux exigences des trois ressorts de l’âme humaine, du cœur, des sens et de l’intelligence. Le Dieu de M. Cantagrel nous parait présenter des traits assez frappants de ressemblance avec ceux des philosophes qui ont passé par l’école saint-simonienne.

En 1858 et 1859, M. Cantagrel dirigeait à Neufchâtel (Suisse) le journal L’Indépendant. Nous devons rappeler que ce journal prit une part active et utile aux luttes pacifiques de la constitution neufchâteloise. À cette occasion, M. Cantagrel publia sous ce titre l’Élection véridique ou la Sincérité représentative assurée par le vole secret et libre, une brochure où se trouve exposé un système électoral fondé sur des bases nouvelles, et que la Constituante de Neufchâtel fut sur le point d’adopter.

Deux opinions divisent, en politique, les disciples de Fourier. Les uns regrettent que les phalanstériens se soient mêlés aux luttes politiques ; ils pensent que les idées de l’école sociétaire seraient depuis longtemps réalisées, si les chefs de cette école s’étaient renfermés dans un rôle purement doctrinal. D’autres, au contraire, soutiennent que, pour faire pénétrer dans le monde une idée nouvelle, les propagateurs de cette idée ne doivent rester étrangers à rien de ce qui intéresse leurs contemporains ; que les expérimentations sociales les plus rationnelles échouent fatalement dans un milieu politique réfractaire ; qu’il importe, par conséquent, au plus haut degré, d’agir sur ce milieu pour le modifier. M. Cantagrel a été, dans l’école fouriériste, un des défenseurs de cette dernière opinion. On conçoit dès lors qu’en politique il repousse le système de l’abstention. Aussi, rentré en France à la fin de 1859, après l’amnistie, qui a suivi la guerre d’Italie, on l’a vu se présenter aux élections de 1863, dans la deuxième circonscription du département de Loir-et-Cher, où il a obtenu près de six mille voix, et à Paris, où sa candidature n’a guère été, pour lui et ses amis, qu’une occasion de protester contre celle de M. Darimon.

[Voir : Supplément t. 17, p. 723]

Page 672

Célébrisme s. f.

Dans le système de Fourier, passion de la célébrité, amour de la gloire ; Je nomme célébrisme une noble ambition, une ostentation digne de louange (Fourier)

Page 721

Centigyne adj. (san-ti-ji-ne du lat. centum, cent, et du gr. gunê, femme)

Se dit, dans le système social de Fourier, d’une association de cent ménages travaillant et vivant en commun. L’essai du ménage centigyne est la plus belle manœuvre de casse-cou qu’on puisse imaginer en politique sociale, car elle va au but en moins de trois mois. (Fourier)

Page 890

Champ-de-mars

[Son réaménagement aux premiers temps de la Révolution : travail attrayant]
— Index page 17

[…] Oui, un écrivain a eu raison de voir dans cet élan prodigieux un des plus touchants, des plus charmants souvenirs de cet âge d’or de la Révolution, la solution du problème du travail attrayant, cette, sublime idée, ou plutôt ce rêve, de Charles Fourier. Écoutez, en effet, ce qui suit, raconté par une actrice dans ses mémoires : « Les théâtres eux-mêmes se signalèrent ; chaque cavalier choisissait une dame à laquelle il offrait une bêche bien légère, ornée de rubans ; et, musique en tête, on allait au rendez-vous universel. Il fallut inventer un costume qui résistât à la poussière : une blouse de mousseline grise, des bas de soie et des brodequins de même couleur, une écharpe tricolore, un large chapeau de paille, elle fut la tenue d’artiste. [… »]